Sianan Wukak
7 min readMay 2, 2020

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Lettre au Président élu Maurice Kamto et aux Argonautes

Vendredi, le 1er Mai 2020

Monsieur le Président élu,

Malgré la pandémie de Covid-19 qui endeuille le monde en général et le Cameroun en particulier, c'est le cœur empli d'espoir que nous vous écrivons cette lettre.

Certaines personnes nous demandent souvent : "D'où vous vient cet espoir, alors que l'horizon socio-économico-politique du Cameroun est plus qu'obscur ?" Nous leur répondons qu'au milieu des ténèbres, brille, depuis 2018, un rayon d'espoir dardé par vous et les Argonautes. Ces derniers - qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il tonne - travaillent, nuit et jour, à vos côtés vers le but que vous vous êtes fixés : l'avènement du changement au Cameroun. Ce rayon, après avoir percé les ténèbres, a touché en plein cœur des millions de camerounais, les inondant ainsi d'espoir.

Monsieur le Président élu, combien de fois ceux qui ont plongé le Cameroun dans les ténèbres, depuis plus de 37 années, n'ont-ils pas essayé d'éteindre ce rayon d'espoir ? 
Que n'ont-ils pas inventé à votre sujet pour en détourner les camerounais ?
Ne vous ont-ils pas pris en otage, en compagnie des argonautes, pendant près de 9 mois pour accomplir ce sinistre dessein ?
En dignes représentants et défenseurs de la médiocrité qu'ils sont, ils y ont échoué. Comme nous l'avons vu lors de vos derniers déplacements à Douala, à Yaoundé, à Bafoussam, à Maroua, à Tokombéré, à Paris, à Washington D.C, à Toronto…, leur machination n'a fait que renforcer l'intensité du rayon d'espoir que vous incarnez. À chacune de vos arrivées dans les villes comme les villages, les camerounais sortent massivement accueillir leur Président élu ; et comme, non sans ironie, ils le disent eux-mêmes : "Ce n'est pas le pain-sardine." De plus en plus de camerounais, aiguillonnés par l'animation de la scène politique dont vous êtes le protagoniste, s'éveillent à la politique. Alors même que, depuis l'élection présidentielle 1992, ils n'éprouvaient pour cette dernière qu'amertume et dégoût. Nombre de camerounais sortent progressivement du fatalisme, ils délaissent leur "Werrrrrr on va faire comment ?", pour entrer dans le train de la renaissance. Ils ne vous rejoignent pas dans ce train parce que vous êtes "toujours chaud gar", ou parce que vous êtes d'une certaine ethnie, non! Ils se joignent à vous parce qu'ils se reconnaissent dans les idées que vous défendez, dans le projet que vous portez. Des idées et un projet qui dépassent largement votre modeste personne, raison pour laquelle Mamadou Mota, Albert Dzongang, Penda Ekoka, Laure Noutchang, ainsi que tous les autres Argonautes, n'ont pas hésité une seule seconde à risquer leur vie pour les faire triompher.

Votre mot d’ordre de boycott des élections législatives et municipales 2020, que les camerounais ont massivement suivi, restera un des moments marquants de l’histoire politique du Cameroun. Les armes crépitant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest tous les jours, et les cadavres s’y amoncelant toujours - déjà plus de 3000 morts selon l’International Crisis Group (I.C.G) - , vous avez, en optant pour le boycott, refusé d’adouber une partition de facto du Cameroun. Avant l’organisation de toute nouvelle élection au Cameroun, vous avez exigé : une résolution pacifique du conflit en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et l’adoption d’une réforme consensuelle du système électoral. James F. Clarke a dit un jour : “La différence entre le politicien et l’homme d’État est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération.” Monsieur le Président élu, vous faites indéniablement partie de cette seconde espèce d’homme.

Voyant les difficultés auxquelles sont confrontés les camerounais à cause de la crise du Covid-19, vous avez, le 03.04.2020, initié le S.C.S.I (Survie Cameroon Survival Initiative) et lancé un appel à contributions afin de leur venir en aide. Des milliers de Camerounais de par le monde, en réponse à votre appel, ont conjugué leurs efforts, et ainsi pu lever plus de 500.000 € (327.993.500 FCFA) en seulement 7 jours. Cette levée de fonds, dont le succès va grandissant, atteste que les camerounais, quelles que soient leurs origines, sont encore capables d'agir ensemble pour défendre ce qu'ils croient juste. Les affidés du régime Biya, s'étant toujours évertués à les désunir au lieu de les unir, ont tôt fait d'essayer de briser cette chaîne de solidarité. On aurait pu croire que, devant l'insuffisance des moyens dont dispose le gouvernement pour faire face à cette crise, ils se seraient élevés à votre hauteur pour prendre la main que vous leur avez tendue ; mais non, regardez! ils se vautrent dans la bassesse. Avec la malhabileté qui les caractérise, ils essaient de mettre des bâtons dans les roues du S.C.S.I. Dans leur volonté de nuire aussi bien à vos initiatives qu'à votre personne, jusqu'où iront-ils ? La vie des camerounais n'a-t-elle absolument aucune valeur à leurs yeux ?

Dans l'émission La Vérité en face, du 1er Décembre 2019, diffusée sur Équinoxe Tv, vous avez déclaré : "Je ne suis pas né avec écrit sur mon visage Président de la République. Je me bats pour que triomphent mes idées. Et si mon rôle, c'est d'ouvrir la voie pour que ces idées triomphent demain avec d'autres, alors j'aurai gagné." Nous aimerions vous dire que quelle que soit l'issue de ce combat, vous demeurerez notre Président élu. Quoi qu'il advienne, nous porterons vos idées et continuerons ce combat. On se demande pourquoi certaines personnes s'obstinent, même aujourd'hui, à dire que vous avez instauré un culte autour de votre personne ; peut-être diront-elles même que c'est vous qui nous avez demandé de rédiger cette lettre ? Si l'ignorance est curable, la mauvaise foi est incurable. Nous espérons que ces personnes souffrent du premier mal et non du second.

Pour vous, la fin ne justifie pas les moyens ; contrairement à ceux qui, depuis 2016, parce que résolus à maintenir un État centralisé moribond, font massacrer nos compatriotes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Vous nous avez maintes fois répété : "Je ne marcherai jamais sur le cadavre des camerounais pour accéder au pouvoir." Hannah Arendt, dans son ouvrage posthume Qu’est-ce que la politique, nous enseigne : “Si une action politique qui n’est pas sous le signe de la violence n’atteint pas ses buts [...], elle n’en perd pour autant ni toute fin ni tout sens. Elle ne peut pas être dépourvue de fin car elle n’a jamais poursuivi de fins, s’étant seulement orientée avec plus ou moins de succès vers des buts. Elle n’est pas non plus dépourvue de sens car ce sont les échanges de paroles - entre les hommes et les peuples, les États et les nations - qui ont donné naissance à l’espace, puis l’ont maintenu dans la réalité où tout se jouera par la suite.” Nous vous remercions d’avoir d’ores et déjà fait sourdre cet espace, où l’avenir du Cameroun se jouera. Merci à vous et à tous les Argonautes de nous avoir rappelé, que la politique est un art noble ; que cette écurie d’Augias qu’est devenue la classe politique camerounaise, depuis des décennies, doit être nettoyée.

Monsieur le Président élu, en si peu de temps, vous nous avez appris tellement. Aux individus - commotionnés par plus de 37 années d'autoritarisme (?) - profèrant d'innombrables calomnies et insultes à votre encontre, vous avez dit que même s'ils ne vous aiment pas, vous les aimer, et vous n'avez pas besoin de leur permission pour les aimer. Bien qu'ils assaillent ceux-là même qui veulent les délivrer de l'oppression, et chantent les louanges de leurs oppresseurs ; vous leur avez dit que le Cameroun meilleur pour lequel vous êtes prêt à tous les sacrifices personnels, y compris celui de votre propre vie, sera aussi le leur. C'est grâce à ce geste éthéré, que nous avons enfin saisi la quintessence de ce mot, tiré de l'œuvre Le Savant et le Politique, du pionnier Max Weber : "Celui qui est convaincu qu'il ne s'effondrera pas si le monde, jugé de son point de vue, est trop stupide ou trop mesquin pour mériter ce qu'il prétend lui offrir, et qui reste néanmoins capable de dire « quand même ! », celui-là seul a la « vocation » de la politique."

“Je ne vous trahirai jamais”, vous nous avez toujours dit ; et jusqu’ici vous avez tenu parole. Nous pensons que c’est notre tour, à nous camerounais, de vous faire une promesse : quelle que soit l’âpreté de la lutte, nous n’abandonnerons jamais, ni vous ni les Argonautes, sur le champ de bataille. Lors de son éloge funèbre à Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral a déclaré : "Nkrumah a été tué par le cancer de la trahison". Nous ne permettrons en aucun cas que ce qui est arrivé à Nkrumah, arrive à Kamto.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président élu, nos plus distinguées salutations.

Arnold, Juanita, Parfait, Nathalie, et les camerounais(es) qui se reconnaissent dans vos idées.

Pour télécharger la version PDF de cette lettre cliquez ici ⬇️.

Lettre au Président élu Maurice Kamto et aux Argonautes (PDF)

P.S : Nous invitons tous les camerounais qui se reconnaissent dans vos idées, à utiliser le hashtag #whyiSupportKamto pour faire des posts sur les réseaux sociaux, où ils expliquent pourquoi ils soutiennent le Président élu Maurice Kamto et les Argonautes. Nous les invitons également à tontiner massivement dans le S.C.S.I ( https://cameroonsurvival.org/fr/dons/ ), pour assister le corps médical ainsi que les camerounais les plus démunis dans la lutte contre le Covid-19.

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Sianan Wukak

"les vérités de tempérament doivent se payer d’une manière ou d’une autre.Les viscères, le sang, les malaises et les vices se concertent pour les faire naître."